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La fondatrice de l’association « Imad, pour la jeunesse et la paix » a rencontré des élèves du lycée mardi 10 octobre.

Effervescence à 10h devant les salles Erdre et Cens où attendent les professeurs et les élèves des 2des 2,4 et TNE3, de premières MVCR, MVCC et SN. Il aura fallu toute l’ingéniosité de Yannick Thomas pour accueillir tout ce monde dans de bonnes conditions et faire une captation de qualité afin de la réutiliser ultérieurement.
Pourtant, la veille encore nous n’étions pas certains que l’événement puisse avoir lieu du fait de l’actualité internationale. Un an après les premiers contacts et 2 annulations plus tard, ce mardi, 150 élèves ont enfin pu profiter de l’intervention de Latifa Ibn Ziaten, maman d’Imad, l’un des 3 militaires assassinés par Mohammed Merah en 2012.
Après la diffusion du film, « Latifa, une femme dans la République » (50mn, prochainement disponible sur le réseau du lycée avec la captation), Latia Ibn Ziaten a rappelé brièvement son parcours depuis le Maroc jusqu’à la région de Rouen où elle vit aujourd’hui. Puis elle a raconté comment elle en est venue à vouloir comprendre ce qui avait conduit Mohammed Merah à devenir ce « monstre », ce terroriste islamiste qui avait assassiné son fils. Désormais « en mission », Latifa a d’abord tenu à rappeler aux élèves l’importance du respect du cadre familial, du cadre scolaire puis elle a insisté sur la confiance que les élèves devaient absolument avoir en eux et envers leurs enseignants pour croire en leur réussite et trouver leur place dans la société, « chacun devant faire tourner son moteur ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec la salle, elle s’est ensuite livrée au jeu des questions qui ont porté sur sa capacité de résilience, la laïcité, la citoyenneté,l’identité, sur le fait qu’Imad ait voulu devenir militaire et sur le port du voile en entreprise.
Avec sa voix douce et son sourire rayonnant, Latifa a apporté des éléments de réponse, autant de graines qui, du moins pouvons-nous l’espérer, germeront dans la tête des élèves présents.
Vous trouverez ci-dessous des réactions des élèves recueillies a posteriori par leurs professeurs (Mmes Collinet, Diakité et Pirovano, M. Gautier et Pradier que je remercie encore ainsi que M. Vasse pour son soutien dans ce projet).

Stanislas Guillet

« Je pensais qu’elle n’allait parler que de l’assassinat de son fils, et de la laïcité » Je ne m’attendais pas à… j’ai été surpris.e que…
Elle soit aussi touchante
Elle aille beaucoup plus loin, elle soit aussi impliquée dans ses engagements
Sa pensée aille vraiment au-delà de la mort de son fils
Elle nous donne autant de conseils, elle soit autant tournée vers les élèves

Ce qui m’a le plus marqué.e, c’est
Sa rencontre avec les enfants du quartier à Toulouse, leurs propos, qu’ils puissent voir le terroriste comme un héros
Qu’elle témoigne toujours debout car son fils est mort debout
Qu’elle ait essuyé le sang de son fils. Beaucoup de choses m’ont émue, mais je crois que ça, c’est ce qui m’a le plus chamboulée
Son émotion
Qu’elle veuille aider de nombreuses personnes
Sa transparence et son honnêteté. Je la trouve très courageuse, de parcourir la France entière pour témoigner et nous parler
Son courage pour parler de la mort de son fils
À quel point elle prend son combat à cœur, elle parle avec son cœur
Sa jeunesse, comment elle a toujours réussi à repartir, même après la mort de son fils
Son histoire, quand elle avait dix ansQu’elle arrive à défendre sa cause en français, alors que ce n’est pas sa langue maternelle
Qu’elle soit allée parler avec la mère de Mehra
Qu’elle puisse pardonner
Qu’elle pardonne la personne, mais pas l’acte
Qu’elle dise merci en répondant à chacune de nos questions
Qu’elle ait toujours tout fait pour sa famille, ses enfants, qu’elle se batte pour eux aussi
Sa force

Ce que j’en retiens…
Qu’il faut croire en soi et se donner les moyens de réussir
Que chacun a une chance dans la vie, mais qu’il faut aller chercher cette chance
L’espoir envers les enfants
Qu’il faut avoir la tête haute, sourire, et profiter du temps avec notre famille et ceux qu’on aime
Ses combats, ses victoires : c’est une grande morale qu’elle nous a enseignée aujourd’hui
La force dont on peut faire preuve, les valeurs qui sont plus importantes que tout, la volonté et la résilience qu’il faut pour faire face à tout ça
Que la différence est une richesse, que le respect et la tolérance sont deux valeurs fondamentales pour vivre ensemble
Qu’il faut toujours aider son prochain
Qu’un malheur peut apporter du bonheur
Qu’il faut allumer notre moteur pour réaliser nos rêves
Qu’il ne faut pas avoir peur

Comment Latifa a-t-elle parlé de la citoyenneté et de la laïcité ?
La citoyenneté c’est le fait d’être bon, de respecter autrui
Chacun a le droit de croire ou de ne pas croire, notre foi est uniquement pour nous
Ce sont nos devoirs
Chacun peut montrer un signe religieux, mais personne ne peut obliger quelqu’un à faire de même
Il faut être poli, respecter ses parents, être tolérant, respecter le pays, respecter les valeurs des autres
Faire des efforts pour ton pays, si tu veux qu’il soit à ton image
Etre citoyen français c’est respecter la France, ses valeurs, et la laïcité qui est la liberté de croire ou de ne pas croire
C’est quoi, pour vous, votre « identité » ?
Mon prénom, mon nom, ma personnalité, et ma religion
Ma personnalité, comment je me comporte
Ce que l’on est, pas nos origines, mais ce que l’on est, ce qui fait qu’on est ce que l’on est
Une artiste, une défenseuse des droits et libertés des personnes queer, des femmes, des personnes qui on un handicap, ou
une religion qui n’est pas respectée… bref de tout le monde
Mes valeurs, mes principes, d’où je viens, mon prénom
Mon nom de famille
Etre Français.e
Un jeune homme de 14 ans, Français d’origine congolaise et de confession chrétienne
Ne jamais baisser les bras
Je suis le résultat de l’éducation des mes parents
Nos valeurs, notre histoire, notre famille
C’est d’où on vient, les valeurs qu’on défend, et ce qui nous caractérise
C’est mon flow
Je ne sais pas
Je suis moi ?

Les questions que vous n’avez pas posées ou que vous vous posez encore.
Pourquoi l’assassin en voulait à l’Etat ?
Pourquoi est-elle partie voir qui était le meurtrier de son fils ?
Que pense-t-elle de la situation en Israël ?
Comment a-t-elle fait pour tenir le coup après la mort de son fils ?
Si, demain, on donne à Latifa un bouton et si elle appuie dessus, elle retourne dans le passé, et empêche son fils de se faire tuer… mais après elle ne se souvient plus de rien, elle ne témoigne pas, elle ne fait pas son association… est-ce qu’elle appuierait quand même ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Autres réactions :
Ce que j’ai appris : Ne pas laisser les enfants à la porte, bien les éduquer
Ce que j’ai aimé : La manière dont elle se bat, sa façon de s’exprimer avec le cœur, sa sensibilité envers les jeunes.
Ce qui les a marqués : une mère courageuse, (son parcours de vie, la mort de son fils, son engagement familial), une
musulmane tolérante, sa dimension républicaine et son discours auprès des jeunes, (être son moteur de vie, travailler plus
que les autres).
Ou encore :
L’importance de la langue pour progresser « au début, elle avait du mal mais elle a appris ».
L’importance de ses voisins et des amis « cela l’a vraiment aidé à s’en sortir ».
A la cantine, c’est bien ce qu’elle a fait de décoller les étiquettes ».
Elle est proche de nous ! ».
La haine de la France de la part de la mère de Mohamed Merah.
Elle inculque le respect, le courage et la force à ses enfants ».
C’est un parcours extraordinaire !

Ouest France 12 octobre 2023