Le prix des valeurs citoyennes décerné à la classe de première MELEC du lycée Monge La Chauvinière
Thème 2022/2023 : « L’Ecole et la Résistance. Des jours sombres aux lendemains de la Libération (1940-1945) »
La réalisation de ce projet s’inscrit dans la continuité des travaux effectués lors des années précédentes. Il s’agit de faire participer au Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD) des élèves de la section professionnelle. J’ai choisi le travail collectif avec l’ensemble de la classe. Le changement provient cette année du niveau scolaire, puisqu’il s’agit pour la première fois d’une classe de première. Pour traiter du sujet, j’ai mélangé l’approche chronologique et thématique et les élèves ont travaillé en groupe.
Comme pour mes projets précédents, l’investissement des élèves a varié en fonction des groupes mais aussi des différentes parties. Elle s’explique par une compréhension plus nette du sujet que les élèves se sont appropriés au fur et à mesure des séances, se succédant à un rythme régulier.
Elle s’explique aussi par les acteurs plus clairement identifiés dans certaines parties. Ces parties où le thème était étudié à partir d’élèves et d’enseignants résistants, d’élèves victimes des persécutions antisémites. Ces vies où ils découvraient le tragique et la grandeur des situations individuelles ou collectives. Elles étaient appréhendées souvent de manière directe : « Ils les ont tous fusillés ! » « Ah la pourriture ! ». « C’est choquant madame de rafler les enfants ! ». Elles l’étaient parfois de manière assez silencieuse, entre respect pour le courage de certains enseignants résistants (le suicide de Brossolette) et la peur de passer pour un « fayot » en admirant l’engagement de certains professeurs…
Enfin, les exemples locaux donnaient une certaine proximité à ces événements passés. Ils suscitaient facilement des commentaires « Ah oui, je connais ce lycée, Livet. J’aurai jamais cru ça à Nantes ! » « Elle cachait des aviateurs chez elle ? Et personne ne les voyait ? »
Des représentations interrogées
Les représentations à la fois des enseignants ainsi que des résistants étaient remises en cause. Un élève m’a carrément écrit en commentaire : « Y’a pas que des gros bras ! ». Un autre constatait : « C’est que des bons, madame … ». Leur façon de penser la Résistance s’affinait. Si l’engagement physique et la lutte armée les intéressaient. Ils prenaient davantage conscience avec cette série d’exemples concrets de son aspect politique et éthique. Prenons l’exemple de Lucie Aubrac. Il montrait qu’une femme ayant fait des études brillantes peut combattre l’oppression nazie et délivrer trois fois son mari, en prenant tous les risques. D’ailleurs, un des élèves a été vraiment étonné et conquis par « ses exploits » et il s’est mis avec entrain à la rédaction de son portrait.
L’apport toujours essentiel des arts appliqués
Ma collègue d’Arts appliqués Estelle Bertrand a apporté sa créativité et son savoir-faire en modifiant le support initial. Elle leur a enseigné la technique du vieillissement manuel du papier avec du café, de l’huile, du sopalin et de vastes plateaux prêtés par la cantine du lycée. La réussite de l’effet obtenu donne une dimension supplémentaire à l’ouvrage, ajoutant une patine presque réelle au texte. Et ce travail met en évidence ce que fut une partie de l’activité des résistants faire du vrai avec du faux comme l’était la fabrique de faux papiers d’identité, si essentielle à leur combat.
Les élèves ont aimé rendre leur support « plus attractif, plus beau ». Et « Commencer par écrire sur l’école et les résistants et finir par la pratique » dans leur atelier d’arts appliqués.
Une Ecole porteuse de valeurs républicaines et humanistes
Ce thème abordait l’école et la Résistance. Pendant que le gouvernement de Vichy sombrait dans la collaboration, des élèves et des enseignants combattaient pour leur patrie, les valeurs républicaines et l’humanité. Et ils pouvaient prendre les armes, risquer leurs vies, être torturés et condamnés à mort pour ces valeurs.
Il mettait en évidence la dimension éthique de l’engagement, le rôle central de l’Ecole pour la formation des esprits, la dimension civique de l’enseignement.
Penser l’Ecole
Les réflexions, les propositions et les premières mesures que prirent les résistants après la guerre pour réformer l’Ecole concluaient le thème. Cet enjeu de « Penser l’Ecole de demain » devait être compris par des élèves de première professionnelle. J’ai donc sélectionné les documents les plus emblématiques et les plus explicites pour qu’ils dégagent les idées essentielles. La volonté de passer d’une Ecole inégalitaire et élitiste socialement à une Ecole ouverte à tous et méritocratique (et de l’égalité des chances).
Un élève m’a demandé d’ailleurs avec insistance, si nous étions dans une école démocratique qu’il ne perçoit pas vraiment comme telle. Il peut ainsi voir le chemin parcouru et ce qu’il reste encore à faire.
Massification réussie et démocratisation inachevée, voire oubliée ? Le sujet interroge l’actualité et ce que doit être et devenir l’Ecole d’ aujourd’hui.
Rachel Diakité
Professeure de Lettres-histoire en collaboration avec Estelle Bertrand, professeure d’ arts appliqués.
Des extraits du travail accompli sous la forme d’un cahier.