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Le théâtre s’invite au LMC.

Cet après-midi du 6 février 2023, une soixantaine d’élèves des spécialités de 1ère SES et HLP, ainsi qu’un groupe d’EMC seconde, ont assisté à une pièce de théâtre à l’initiative de Monsieur Gadenne-Uhrova, professeur de SES. Cette pièce, « Passeport pour la liberté : histoire de Samira », est une adaptation d’un entretien mené par un sociologue. Il a interrogé huit frères et sœurs d’une fratrie d’origine algérienne vivant en France depuis les années 70.

Les élèves sont immergés dans un dialogue entre Samira Belhoumi et Stéphane Beaud, sociologue, à la terrasse d’un café. Ce dernier interroge cette Française d’origine algérienne. Elle lui raconte sa vie.

La scène est épurée, il s’agit d’une volonté de « légèreté technique absolue » : le metteur en scène a voulu l’échange comme filmé en plan séquence, laissant la voix, comme aux origines du théâtre grec, s’exprimer. Alors qu’ils avaient joué le matin-même devant les lycéens du lycée Carcouët, ils doivent à nouveau enfiler leur costume d’acteur qu’ils avaient déposé à midi. À la question de Maéline, élève en 1ère HLP, qui leur demande comment ils vivent les émotions à chaque représentation, la comédienne, Nathalie, répond que le travail du comédien et de « réinjecter à chaque fois de soi », ce qui, en fait une pièce de théâtre différente.

Ce qui restera du personnage de Samira, c’est sa volonté farouche de s’en sortir. Rencontrant à 7 ans, à son arrivée en France, une institutrice française, ce sont ensuite plusieurs enseignants, notamment des professeurs de lettres, qui vont lui donner confiance en elle et lui transmettre le goût de la lecture et de l’écriture qu’elle avait déjà enfoui au fond d’elle. Elle avoue, elle a souvent craqué : « Je crois, j’ai l’impression d’avoir lutté un peu comme Don Quichotte. J’ai lutté pour être libre. » Elle s’est même levée contre la tradition familiale. Aujourd’hui, directrice d’un Institut de Formation en Soins Infirmiers sur la région parisienne, elle prouve que les femmes peuvent avoir un destin.

 

Le mot du prof de SES.

Cette pièce nous propose une reconstitution très fidèle de l’échange entre le sociologue Stéphane Beaud et Samira, fille aînée d’une fratrie d’une famille immigrée algérienne « ordinaire ». Ce dialogue, débuté à l’initiative de la jeune femme, permet tout d’abord de prendre conscience de la finesse du travail du sociologue qui retrace fidèlement le parcours de vie de Samira : depuis son enfance heureuse en Algérie, son arrivée dans la France « grise » du début des années 1980, son rapport amoureux à la langue française et à l’école, l’importance des enseignants qui l’ont accompagnée et parfois soutenue, mais surtout le poids des normes et valeurs familiales dont il a fallu s’échapper coûte que coûte grâce au diplôme « passeport pour la liberté ». C’est cette même minutie qui caractérisera les échanges suivants avec l’ensemble de la fratrie Belhoumi. A rebours des représentations sensationnelles sur l’immigration, Stéphane Beaud décrit la singularité des trajectoires des 8 enfants de cette famille immigrée dont les 5 filles ont toutes obtenu un diplôme du supérieur et pu accéder à la classe moyenne. A travers Samira, Stéphane Beaud met ainsi en lumière le dessin progressif de trajectoires singulières et l’influence des déterminismes ou encore du poids de la stigmatisation sur ces parcours de vie.