Quand les élèves de 1re HLP rencontrent une auteure sélectionnée dans le cadre du PRC 2024 au Lycée Camus : Hélène Machelon pour son livre Flagrant déni. Edition La Dilettante
Juliette est dure. Juliette est forte. Juliette est brillante. Juliette est en bute avec sa famille. Rien ne peut arrêter Juliette. Et pourtant les douleurs qu’elle ressent là, couchée sur son lit, son chat étrangement lové contre elle, sont celles d’un accouchement imminent. Elle a 17 ans, et dans l’heure qui suit, elle va accoucher. Mais ce bébé, elle n’en veut pas. Elle ne se savait même pas enceinte.
C’est l’histoire d’un déni de grossesse, ou plutôt d’une « grossesse invisible », que nous conte Hélène Machelon, écrivaine sensible et à l’écoute des histoires familiales. Au moyen de la deuxième œuvre de cette écrivaine, aux personnages librement inspirés de ses connaissances, nous pénétrons l’intériorité de cette adolescente qui entre avec fracas dans l’âge adulte, du fait de ce bébé qu’elle va devoir apprendre à apprivoiser.
Les élèves de première HLP du lycée Monge ainsi que les étudiant.es en première année de BTS professions immobilières du Lycée Camus ont pu converser intelligemment et tout en finesse avec l’autrice. Ils et elles ont appris que c’est lors d’une discussion avec une sage-femme qui lui racontait des histoires de ces jeunes filles que la société traite de menteuses, qu’Hélène a trouvé l’idée de ce roman, fascinée par le pouvoir du cerveau et des stratégies qu’il met en place pour cacher à la future maman la présence de ce petit intrus. Très bonne élève elle-même, plutôt littéraire, elle est repérée en classe de première par sa professeure de français, dont le regard bienveillant la touche. Cette professeure l’incite à se lancer dans l’écriture. Mais elle ne l’écoute pas, ne s’en sentant pas capable. C’est vingt ans plus tard qu’elle reprend l’écriture, poussée par son conjoint, qui l’incite à écrire « l’histoire familiale ».
Elle ne regrette pas. Ecrire est laborieux, éditer un livre prend plus d’un an. Mais elle trouve son équilibre. Elle a besoin de rituels, tels qu’écrire en bibliothèque, dans des cafés, après avoir absorbé du thé au jasmin, grignoté du chocolat et s’être parfumée ! Elle rencontre des gens, s’appuie sur leur contact pour créer ses personnages.
Quand les étudiant.es lui demandent quels retours elle a eu suite à l’écriture de ce livre, elle évoque des femmes qui ont vécu la même expérience. Elle dit être très bouleversée par des commentaires négatifs qui peuvent être faits en ligne sur ses œuvres, car c’est d’une extrême violence. Néanmoins, lorsqu’elle croise des personnels soignants, comme des urgentistes, des gynécologues, des sages-femmes qui lui disent que son texte est très juste, alors cela la rassure.
Pour revenir à Juliette, cette jeune fille qui peut paraître antipathique à certain.es lecteurs et lectrices, elle la voulait en crise, mais aussi brillante et pas écervelée justement comme sont présentées régulièrement ces jeunes filles qui vivent ces grossesses invisibles. Juliette évolue, sa relation à sa famille évolue, sa famille elle-même évolue.
Les lecteurs et lectrices de ce très beau livre vous conseillent, fille comme garçon, homme comme femme, à vous en emparer. Belle lecture à tous.tes !
Impressions d’élèves :
« Une rencontre intéressante. J’ai beaucoup appris sur le monde de l’édition car Hélène Machelon nous a raconté l’histoire de la publication de flagrant déni.
« J‘ai bien aimé lorsque l’auteure nous a expliqué comment elle inventait ses personnages, le cadre et pourquoi ce thème. En fait, elle s’est beaucoup renseignée en amont sur le déni de grossesse auprès du personnel médical. Elle nous dit préférer le terme « grossesse invisible » qui lui semble plus juste.
« J’ai bien aimé comment l’auteure s’est livrée de manière simple. Elle a su se mettre à notre niveau. J’ai apprécié les échanges et cette proximité ».
https://www.cezam.fr/animations-culturelles/prix-du-roman/flagrant-deni